LE « HIRA GASY »

Théâtre populaire paysan des Hauts Plateaux


Le Hira Gasy trouve ses origines dans les concours amicaux de danses et de chants du XVIème siècle.

Nés sur les hautes terres, les «hira gasy» ou chants folkloriques se sont développés au temps du roi Andrianampoinimerina. Lors des grands travaux d'irrigation, le roi offrait un spectacle royal animé essentiellement par les chanteurs ou «Mpihira gasy», appelés à l'époque «mpihiran'Andriana» (chanteurs du Roi). Ces «mpihira gasy», généralement originaires d'un même village, étaient des artistes célèbres, mais démunis.

Les spectacles de «hira gasy» attirent des foules immenses et animent les grands événements de la communauté telles la Fête nationale, les cérémonies de retournement des morts, la fête de la moisson. Les textes des «hira gasy» racontent la vie quotidienne et contiennent toujours des messages et de sages enseignements. Les chants sont plutôt humoristiques, parfois même comiques, et sont accompagnés par les instruments de musique tels que le lokanga (instrument à corde en bambou), les instruments à vent - trompettes, flûtes, saxophones-, l'accordéon, les tambours variés.

Le Hira Gasy est scénique. Tout comme le théâtre. Il y a mise en scène, mise en espace, donc des joueurs, des musiciens... Mais c'est surtout l'état d'esprit du hira gasy qui est spécifique : il s'agit d'une sorte de joute oratoire où le public est le jury, décide si c'était bon ou non. 

Les critères d'un «bon» hira gasy, sont surtout s'il se situe bien dans les normes morales du temps. Car il faut qu'il y ait de la morale, une critique sociale, mais vraiment intégrée dans le système moral standard. Par exemple : «elle n'a que 15 ans et au lieu d'aller à l'école, voilà qu'elle sort avec des garçons, elle met des jupes courtes... Mais qu'est-ce que c'est ça ! Tu vas voir, dans un an, tu vas avoir un bébé».

Le hira gasy, se déroule dans un espace circulaire, le public se situant autour de ce cercle, les musiciens en général au milieu. Chaque mpihira gasy tourne, de manière à être vu de tous les spectateurs qui auront à le juger, et à offrir à chacun un spectacle varié. Le texte, le chant, sont presque toujours les mêmes ainsi que les gestuelles. Le texte est l'élément essentiel, et en cela, c'est un peu du théâtre.

Les troupes de hira gasy sont rémunérées. Elles jouent et tournent la plupart du temps soit durant la période creuse des travaux agricoles, soit après la moisson, lorsque les récoltes sont terminées et que l'argent commence à rentrer dans les campagnes. Les troupes vont alors de village en village. A l'heure actuelle, cela s'est un peu urbanisé et il y a des troupes qui ne sont plus forcément composées de paysans. Mais si les comédiens habitent en ville, ils restent paysans dans l'âme. Ils sont d'origine paysanne, leurs parents, leur famille, sont paysans.


Christiane RAMANANTSOA, comédienne, metteur en scène, auteur
Madagascar Fenêtres Vol 3, Ed Cite Ambatonakanga Antananarivo


Le hira gasy est donc un vrai spectacle qui comprenant :

  • Le Sasitehaka : c'est un prélude d'environ 10mn , au son des tambours, et des battements de mains à l'entrée des chanteurs, des musiciens et des danseurs

  • le Kabary : c'est le discours annonçant le début du spectacle, invitant les dames à prendre place sur la scène et introduisant le thème. Le discours dure 15 mn

  • le Renihira : c'est le chant principal qui développe le thème du spectacle (amour, délinquance juvénile, vie en société…)

  • le Dihy : c'est la danse. Pendant que les danseurs se déploient sur la scène, le reste de la troupe s'accroupit sur l'herbe. La danse dure 20 mn et est suivie du discours final

  • Le Zanakira : est un spectacle de 15 mn avant que la troupe ne quitte la scène.


Pour plus d'informations : info@antsirabe-tourisme.com